Dr Roseline Peluchon | 06 Juin 2024
Plus de 100 pays à travers le monde ont inclus la vaccination prophylactique contre le HPV (Human Papilloma Virus) dans leur calendrier vaccinal. Les premières études sont encourageantes, montrant l’efficacité du vaccin sur la réduction des néoplasies cervicales de haut grade (CIN) et du cancer du col de l’utérus, pour les personnes vaccinées.
Ainsi en Angleterre, le vaccin est proposé depuis 2008 aux jeunes filles de 12-13 ans, élargi aux garçons depuis 2019, et avec des rattrapages autorisés jusqu’au 25ème anniversaire. Une étude observationnelle, initiée en janvier 2006 et menée jusqu’en juin 2019 avait permis d’estimer que, dans les cohortes vaccinées, il était survenu 450 cancers du col en moins et 17 000 CIN3 en moins, en comparaison avec les cohortes non vaccinées.
L’observation était alors prolongée d’un an, avec l’objectif de mesurer les différences d’impact du programme vaccinal en fonction du statut socio-économique. L’une des caractéristiques du cancer du col de l’utérus est en effet d’être fortement associé au gradient socio-économique, les femmes des classes sociales défavorisées présentant un risque 2 fois plus élevé que celles des classes les plus favorisées. Les résultats ont été récemment présentés dans le British Medical Journal.
Protection dans toutes les classes socio-économiques
Les résultats concernant l’efficacité du programme national de vaccination sont largement confirmés par les nouvelles données. L’analyse montre que les faibles taux de lésions cervicales et l’efficacité de la vaccination se prolongent pendant les 12 mois supplémentaires chez les femmes nées depuis le 1er septembre 1990. L’effet est particulièrement évident pour la cohorte née à partir du 1er septembre 1995, dans laquelle l’incidence du cancer cervical est réduite de 83,9 % (95 % CI 63,8 % à 92,8 %) et celle des CIN3 de 94,3 % (92,6 % à 95,7 %).
En incluant le suivi total, de 2006 à 2020, le bilan s’élève cette fois à 687 cancers du col et 23 192 CIN3 évités grâce à la vaccination.
En ce qui concerne l’impact de la vaccination en fonction du statut socio-économique, il apparaît que chez les jeunes femmes auxquelles la vaccination a été proposée, le taux de cancer reste supérieur dans les classes les plus défavorisées, mais le très important gradient observé selon le statut socio-économique avant la vaccination n’est plus retrouvé pour les femmes ayant été vaccinées. En ce qui concerne le CIN 3, les taux se réduisent également dans toutes les classes socio-économiques.
En Angleterre, comme dans plusieurs pays du nord de l’Europe, la couverture vaccinale contre le HPV dépasse les 80 %. En France, la couverture vaccinale progresse, mais, en 2021, elle était estimée à 43,6 % par Santé Publique France, chez les jeunes filles de 15 ans.