Traitement VIH injectable : témoignage


« J’ai arrêté de prendre mes comprimés contre le VIH ». Derrière ce titre volontairement provoc, le témoignage d’un homme séropositif qui raconte comment il est passé d’un traitement oral quotidien à un traitement injectable tous les deux mois. Josh Kruger apparait en Une du numéro d’été du magazine américain Poz dans lequel il a accordé un long entretien à la journaliste experte en VIH, Liz Highleyman. « Pendant près de dix ans, j’ai pris un comprimé une fois par jour, tous les jours. Je n’ai jamais remarqué d’effets indésirables, bien que l’on puisse dire que la prise de poids pourrait en faire partie. L’observance a fait partie de ma vie. Obtenir l’accès à mes médicaments lorsque j’étais sans emploi, sans assurance, voire sans-abri à un moment donné, n’était pas simplement une priorité clé. C’était LA priorité », confie Josh Kruger. Cet habitant de la ville de Philadelphie aux États-Unis connait l’importance de l’observance dans le suivi VIH. « Seulement un peu plus de la moitié (55 %) des personnes séropositives de Philadelphie suivent un traitement et ont une charge virale indétectable », souligne le militant. Josh Kruger est donc passé d’un comprimé par jour à des injections tous les deux mois de la bithérapie à cabotegravir (nom commercial Vocabria) + rilpivirine (nom commercial Rekambys). Un changement qui n’est pas anodin dans sa vie : « Après avoir répété le mantra « un comprimé une fois par jour » pendant près d’une décennie, mon premier réflexe a été d’embrasser la prétendue liberté de ne prendre aucun médicament (…). Pourtant, l’idée selon laquelle les personnes seront en mesure de planifier facilement des rendez-vous plusieurs mois à l’avance et de les respecter n’est pas exactement un fait établi. Il est possible que les personnes les plus susceptibles de bénéficier et ayant le plus besoin d’un traitement injectable bimensuel contre le VIH — celles qui sont éloignées du soin ou qui ont une situation de logement instable — soient les moins susceptibles d’adopter ce traitement », déplore le militant. Il y a aussi certaines peurs irrationnelles d’un traitement injectable qui semble parfois peu tangible voire invisible : « Une partie de moi n’a pas confiance [en ce traitement, ndlr] (…). Aucune « preuve » que je suis traité et que je ne fais pas juste semblant d’être indétectable, comme certaines personnes le craignent ? Être en dessous de la quarantaine avec un pilulier de grand-mère, ce n’est pas quelque chose qui me manquera, mais cela a fait partie de ma vie tout ce temps. Quand les comprimés partiront, est-ce qu’une partie de moi partira avec elles ? », s’interroge Josh Kruger. « Alors, est-ce qu’on se lance ? », m’a demandé mon médecin. Nous avons fixé une date pour que je revienne. Je devais refaire mes analyses de laboratoire (…). Soudain, j’ai de nouveau ressenti de la nervosité. C’était plus une forme d’excitation  », raconte le militant. Et au final, la science l’a emporté sur la peur : « Les données étaient tout simplement trop convaincantes, alors j’ai ignoré les tremblements et me suis préparé à ne plus jamais dire : « Je prends un comprimé une fois par jour » en référence à mon traitement contre le VIH. Maintenant, ce serait : « Je reçois deux injections une fois tous les deux mois ».

Source : POZ


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