Monkeypox et VIH : un bilan après 1 an de co-infection


L’infection par le Monkeypox a fait son apparition au printemps 2022 dans le suivi de la pandémie à COVID-19. Aujourd’hui, tout semble maîtrisé avec très peu de nouvelles infections par semaine, grâce en grande partie à l’efficacité de la vaccination. Mais le scénario le plus probable d’évolution est une circulation virale à bas bruit à l’échelle européenne. D’où l’intérêt de cette étude internationale qui s’est attachée à décrire les caractéristiques cliniques de patients co-infectés entre mai 2022 et janvier 2023.

De l’ordre de 85.000 cas de Mpox ont été recensés dans le monde (25,9% en Europe) dont 38% à 50% chez les personnes vivant avec le VIH (PLWH), la plupart sous ART avec une charge virale indétectable. Tout semble aujourd’hui sous contrôle. L’incidence est en diminution partout dans le monde, sachant qu’elle est probablement sous-estimée par la non-déclaration des cas les moins sévères. Ce succès est dû en grande partie à l’efficacité du vaccin utilisé avant et après exposition. Dans une étude incluant 276 participants (84% de HSH) vaccinés en moyenne 11 jours après l’exposition, 4% ont développé une infection peu sévère. 

Comment évolue la co-infection Mpox / VIH ?

Cette étude1 internationale rétrospective a été menée dans 19 pays dont 10 pays européens, 8 américains et 1 pays africain entre mai 2022 et janvier 2023. Elle a inclus 382 PWLH (âge médian : 35 ans), avec une majorité d’hommes (96,1%), un taux médian de CD4 de 211/mm3, avec 22,3% des participants à moins de 100/mm³ et 24,6% entre 100 et 200/mm³. Près de 60% des participants étaient sous traitement ART et la moitié avait une charge virale indétectable. En 2022, 7,2% ont été vaccinés.

L’objectif de l’étude était de décrire les caractéristiques de l’infection à Mpox et le taux de mortalité chez les patients VIH+ immunodéprimés avec un taux de CD4 < 350/mm³. Au total, 28% des patients ont été hospitalisés, 7,1% sont décédés. Si on regarde l’évolution clinique en fonction du taux de CD4 et de la charge virale, on s’aperçoit que le taux de mortalité passe de 15% pour < 200 cellules/mm³ à 27% pour < 100 cellules/mm³. Le taux de mortalité passe de 7% en cas de charge virale < 50 copies/mL à 29,7% en cas de charge virale > 4 log10 copies/mL. Parmi les patients décédés, aucun n’avait plus de 200 cellules CD4/mm³. En termes de complications, ce sont les lésions cutanées qui sont majoritaires (93%), suivies par les hémorragies ou une surinfection bactérienne (89%), des symptômes respiratoires et des défaillances respiratoires (85%) et ensuite des complications rectales (78%), oro-pharyngées (78%), oculaires (48%) et neurologiques (30%). La cause des décès est majoritairement un choc septique et un MOF (Multiple Organe Failure) (74,1%), une défaillance respiratoire (14,8%) ou un arrêt cardiaque (3,7%). Un syndrome inflammatoire de reconstitution immunitaire a également été suspecté chez 21 patients (25%) qui ont initié ou recommencé à prendre un traitement ART pendant l’infection sous Mpox.

Un pathogène opportuniste

Pour le Pr Orkin, Mpox est clairement un pathogène opportuniste à traiter comme tel. Toutes ces données démontrent que l’infection amène à des complications sévères et un taux de mortalité élevé chez les patients VIH+ et ce d’autant plus que le taux de CD4 est <200 cellules/mm³. Pour le futur, il est recommandé d’intégrer la surveillance du Mpox à celle des infections sexuellement transmissibles et de proposer un dépistage à toute personne ayant un antécédent d’IST. Il faudra aussi mieux estimer la taille réelle de l’épidémie en prenant en compte la part des infections asymptomatiques et améliorer l’accès aux soins.

Cet article a été écrit par le Dr Claude Biéva et initialement publié sur MediQuality.


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