Impact d’un switch d’ARV sur la densité minérale osseuse chez des femmes vivant avec le VIH en période péri-ménopause.


Chez les patient.e.s vivant et vieillissant avec le VIH, le dépistage et la prise en charge précoce des comorbidités devient une priorité lors du suivi. L’exposition prolongée au Tenofovir (TDF) accroît de manière significative le risque d’ostéoporose ; le passage à la forme Alafénamide (TAF) peut permettre de prévenir ce risque, mais la réalisation d’un switch préventif et/ou ciblant des populations potentiellement plus à risque n’est pas systématique1. En particulier, chez les femmes en période per ou post ménopausique, le risque d’ostéoporose est accru, et les données dans cette population sont rares.

Dans cette étude multicentrique italo-canadienne, les auteurs ont proposé de comparer les résultats d’ostéodensitométrie (ODM) chez des femmes vivant avec le VIH, sous TDF, contrôlées au plan virologique, en période per ou post ménopausique, selon deux bras randomisés de switch immédiat ou retardé (à S48) vers le TAF. Le diagnostic de ménopause était clinique et l’inclusion pouvait avoir lieu jusqu’à 10 ans post ménopause. Le critère de jugement principal était l’évolution de la densité minérale osseuse au niveau du rachis lombaire à S48 et S96. Il était prévu d’inclure 128 patientes, mais la pandémie COVID et les premiers confinements ont interrompu le recrutement et l’étude. Les patientes déjà sous traitement anti-ostéoporotique ou présentant un risque de fracture (FRAX-score) à 10 ans > 20% étaient exclues. Tout type d’antiviral associé au TDF était autorisé, et seul le changement du TDF vers le TAF était proposé. L’étude était sponsorisée par le laboratoire Gilead.

19 patientes ont été randomisées dans le groupe TAF précoce, et 15 dans le groupe TAF tardif. L’âge médian était de 51 ans, la durée médiane de traitement sous TDF de 8.6 années, l’IMC médian de 26, le T-score à baseline de -1.2 [-2.7 ; -0.6] et 60% étaient supplémentées en vitamine D. Une patiente sur cinq rapportait un antécédent de fracture, et autant présentait déjà un diagnostic d’ostéoporose à baseline selon l’ODM. A S48, la densité minérale osseuse évoluait de +1.97% [-1.15 à +5.49] contre -2.32% [-5.11à +0.19] dans les bras précoce et tardif, respectivement. A S96, l’évolution depuis baseline était de +2.33% vs +0.7%. Quatre patientes n’ont pas bénéficié d’un suivi complet jusqu’à S96.

Malgré l’effectif réduit et la faible puissance, les résultats suggèrent que le recours à un switch du TDF vers le TAF, chez des femmes à risque d’ostéoporose mais n’ayant pas encore de diagnostic établi ou d’historique de fracture, présente un intérêt potentiel, mais restent non significatifs. Des résultats à plus grande échelle sont nécessaires, au sein de cette population restant trop peu représentée dans les travaux sur les PVVIH. Le lien avec un impact clinique, notamment sur le risque de fracture, reste à établir.

Rédigé par : Dr David Chirio pour Walmsley et al.


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