Il est temps d’en finir avec le sida : pourquoi l’UE devrait financer la recherche d’un vaccin contre le VIH


La pandémie de VIH a touché plus de 2,3 millions de personnes dans la Région européenne de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), avec près de 300 nouveaux diagnostics posés quotidiennement en 2021. La pandémie de COVID-19 et les turbulences géopolitiques dans la région ont eu un impact sur le cours de la pandémie de VIH et la riposte, déplaçant des populations et perturbant l’accès aux soins et au dépistage du VIH.

Aujourd’hui, vivre avec le VIH n’est plus un motif de désespoir et la prise en charge du VIH est bien codifiée. Comme il n’y a pas de remède, les personnes vivant avec le VIH entreprennent un traitement à vie qui leur permet de vivre longtemps et en bonne santé. L’efficacité du traitement est indiscutable mais le coût estimé du traitement par personne et par an reste élevé. En Espagne, il est estimé à 11 638 €, tandis qu’en Allemagne, il s’élève à environ 32 100 €. En France, le coût atteint 14 821 €, et en Italie, il s’élève à 6 300 €.

Alors que l’introduction de la prophylaxie pré-exposition (PrEP) en 2012 a été une percée dans la prévention du VIH en Europe et dans le monde, le fardeau du VIH continue de baisser de manière disproportionnée dans certaines régions, comme l’Europe de l’Est, ainsi que sur les populations vulnérables qui comprennent les migrants, les travailleurs du sexe, les consommateurs de drogues et les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes. Ces disparités se font sentir dans divers aspects de la prévention et du traitement du VIH, y compris l’accès limité au dépistage et la disponibilité et l’abordabilité inadéquates des outils de prévention comme la PrEP.

Impact significatif sur l’économie et les droits de l’homme

OMS Europe : Le VIH en Europe 2021

Bien que l’incidence du VIH dans la région ne soit pas aussi alarmante que dans d’autres parties du monde, son impact est significatif, non seulement sur les économies européennes mais aussi sur les droits humains de ses populations marginalisées.

Dans ce contexte, la vaccination est un moyen crucial de préserver la santé publique, de réduire la morbidité et la mortalité. En outre, il offre des avantages pour le tissu social et économique des nations et contribue à alléger le fardeau des systèmes de santé.

Malgré les perturbations causées par le COVID-19 ces dernières années, les scientifiques européens se sont mobilisés dans la recherche d’un vaccin efficace contre le VIH, menant plusieurs essais de phase précoce avec le soutien du financement d’Horizon 2020. Ces essais utilisent des technologies originales souvent non développées ailleurs . Cependant, des plans et des fonds pour assurer leur continuité sont nécessaires de toute urgence, en particulier compte tenu de la nécessité d’essais plus importants pour obtenir des résultats concluants.

Alors, pourquoi l’Europe devrait-elle investir dans la recherche d’un vaccin contre le VIH ? Premièrement, un vaccin contre le VIH aiderait naturellement à contrôler la pandémie sur le continent, non seulement du point de vue de la prévention mais aussi parce que les vaccins contre le VIH sont essentiels pour guérir et rémission du virus.

Simultanément, le vaccin aurait un impact considérable sur l’amélioration de la santé publique, non seulement sur les questions liées au VIH mais aussi sur d’autres maladies infectieuses. Par exemple, la recherche à long terme menée pour un vaccin contre le VIH a joué un rôle crucial dans le développement rapide d’un vaccin contre la COVID-19. 

En outre, il s’est avéré essentiel pour ouvrir la voie au développement de vaccins contre d’autres maladies, non seulement pour renforcer les réseaux d’institutions de recherche européennes, mais aussi pour améliorer l’infrastructure nécessaire. Ainsi, investir dans un vaccin contre le VIH signifie sans aucun doute investir dans la préparation à une pandémie et dans la sécurité sanitaire mondiale.

Enfin, le développement et la distribution d’un vaccin efficace contre le VIH ont le potentiel d’améliorer l’équité en santé mondiale. Cela garantirait que chacun, quel que soit son statut socio-économique ou sa situation géographique, ait accès à des technologies vitales, sans laisser personne de côté. De plus, un vaccin contre le VIH protégerait davantage les populations vulnérables et réduirait les disparités en matière de santé, contribuant ainsi à la lutte contre la stigmatisation et la discrimination liées au VIH. En améliorant la prévention et en offrant des opportunités pour un meilleur contrôle du VIH, un vaccin contre le VIH aurait un impact mondial au-delà de l’Europe.

Populations vulnérables

Par le biais de sa stratégie mondiale en matière de santé, l’Union européenne s’est engagée à approfondir son leadership en matière de santé mondiale, en veillant à ce que chacun, partout, ait accès aux normes de santé les plus élevées possibles, fondées sur la solidarité et les droits de l’homme. Cet objectif sera atteint, entre autres priorités, en s’attaquant aux causes profondes de la mauvaise santé, en se concentrant sur les populations vulnérables et en travaillant à un mécanisme qui favorise le développement et l’accès équitable aux vaccins.

Comme l’a clairement montré la pandémie de COVID-19, l’UE a une opportunité sans précédent de devenir un leader mondial de la santé. Investir dans le développement d’un vaccin contre le VIH qui peut sauver la vie de personnes partout dans le monde doit être un élément fondamental de cette stratégie, avec des avantages positifs pour la santé individuelle et les droits humains, ainsi que pour les économies et la sécurité sanitaire.

Il est temps d’investir dans la R&D pour un vaccin contre le VIH. Il est temps de veiller à ce que la pandémie de VIH ne constitue plus une menace pour la santé publique et le bien-être individuel et, ce faisant, de protéger les droits humains et de faire progresser l’équité. Il est temps d’en finir avec le sida.

Sources :

Frances Fitzgerald est membre du Parlement européen, Irlande

Sirpa Pietikäinen est membre du Parlement européen, Finlande

Sara Cerdas est membre du Parlement européen, Portugal

Cyrus Engerer est membre du Parlement européen, Malte

Antoni Comín i Oliveres est membre du Parlement européen, Espagne

Catharina Rinzema est membre du Parlement européen, Pays-Bas

Crédits image : Ehimetalor Akhere Unuabona/ Unsplash .


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