Forte augmentation de l’incidence des IST au RU et aux EU


Point de Vue par le Professeur Gilles Pialoux

France __ Bonjour, Gilles Pialoux, je suis ravi de vous retrouver sur Medscape France pour cette nouvelle vidéo sur un sujet dépassionné, mais passionnant, qui est celui de l’augmentation de l’incidence des infections sexuellement transmissibles. Je suis professeur de maladies infectieuses et tropicales à l’hôpital Tenon et à Sorbonne Université.

Augmentation des maladies sexuellement transmissibles au RU

Les données actuelles dont il est sujet aujourd’hui nous viennent de la perfide Albion, de la Grande-Bretagne, avec un rapport très attendu, celui de l’UKHSA (UK Health Security Agency – l’agence d’État), qui a établi un rapport sur les infections sexuellement transmissibles sur l’année 2022. Notons que la situation en Grande-Bretagne est extrêmement favorable à la surveillance des IST, comme on l’a vu avec l’émergence de la variole du singe, avec plus de 100 cliniques d’IST réparties sur tout le territoire britannique.

Ces données de l’UKHSA de 2022 sont inquiétantes. Il y a eu, certes, une augmentation du dépistage post-crise du COVID avec plus 13 % par rapport à 2021 pour les chiffres de 2022, mais il y a aussi une augmentation très claire dans tous les champs des IST : +24 % pour les Chlamydia avec 160 000 diagnostics, +50 % pour les gonococcies toutes populations confondues avec 82 000 diagnostics en 2022, +15 % de syphilis, +8,5 % des infections génitales et des sous-groupes dans lesquels cette augmentation est plus importante.

Une hausse inquiétante chez les 15-24 ans

On pense surtout aux 15-24 ans avec près de 400 diagnostics d’IST, en Grande-Bretagne, par jour dans la tranche 15-24 ans, une augmentation attendue et connue chez les GBMSM, comme on dit maintenant, c’est-à-dire les gais, « bi » ou hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes, et dans quelques groupes ethniques « blacks ».

Donc, un focus sur les 15-24 ans et une nécessité d’augmentation du dépistage.

On pense surtout aux 15-24 ans avec près de 400 diagnostics d’IST, en Grande-Bretagne, par jour dans la tranche 15-24 ans.

Aux États-Unis aussi…

Les Britanniques ne sont pas les seuls à tirer le tocsin. Quelques semaines auparavant, en avril 2023, le CDC avait donné lui aussi une alerte portant sur les chiffres de 2021, avec une augmentation des gonocoques et des Chalmydia, moindres de 4 %, mais une augmentation de la syphilis de 32 % avec, notamment, l’augmentation des syphilis congénitales, qui est une problématique émergente aux États-Unis avec une responsabilité de 200 morts d’enfants à la naissance liée à la syphilis congénitale.

Et en France ?

Vous me direz « où sont les chiffres français ? » Ils sont en attente, comme souvent, avec une étude très importante, PrévIST 2022-2023 qui a commencé en novembre 2022 sur un échantillonnage aléatoire de 37 000 personnes, par téléphone, entre 18 et 59 ans, résidant en France, et qui est censé cerner la prévalence de la Chlamydia, du gonocoque, mais aussi du papillomavirus et l’impact de la vaccination. Cette étude a été menée par Santé publique France, par les centres nationaux de référence et par l’Agence nationale de recherche sur le sida. Cette étude sur les maladies émergentes est très attendue.

Quelques chiffres à retenir

En regardant les chiffres britanniques du rapport 2022, c’est tout à fait intéressant de voir notamment, les distributions par genre. En ce qui concerne les Chlamydia, on a exactement les mêmes courbes parallèles avec une baisse pendant la période COVID et une augmentation parallèle chez l’homme et chez la femme quand on compare l’année 2013 à 2022, avec un niveau supérieur d’avant crise du COVID.

Pour le gonocoque, l’augmentation est essentiellement portée par les hommes avec une légère augmentation depuis 2021 chez les femmes.

Pour la syphilis, on est, là, essentiellement, pour ne pas dire exclusivement, avec une augmentation portée par les hommes et, notamment, par les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes.

Pour l’herpès génital, il y a une décroissance observée depuis 2019 et idem pour les ulcérations génitales. Et quand on regarde l’orientation sexuelle pour ce qui est, par exemple, du gonocoque, entre 2018 et 2022 on a une augmentation modérée chez les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes ou « bi », mais aussi une augmentation chez les femmes ayant des relations sexuelles avec des hommes et aussi chez les femmes ayant des relations sexuelles avec des femmes. Des axes de dépistage tout à fait intéressants.

Quant à la syphilis, effectivement, comme je l’ai dit, elle est dominée par les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes. Cette information et ce rapport arrivent à un moment où il y a un certain nombre de publications qui essayent d’apporter une réponse à cet accroissement des IST et à cette surveillance des IST.

Des traitements efficaces ?

Je rapporterai rapidement la publication dans le New England du 6 avril de l’équipe de DoxyPEP. Il y a deux grandes équipes : DoxyVAC, en France, avec l’ANRS, et DoxyPEP, qui est en avance avec une publication, donc, sur le concept de prophylaxie post-exposition par la doxycycline, qui avait déjà montré son efficacité dans IPERGAY, on en avait déjà parlé.

On a les données DoxyPEP qui sont des donné.


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