Jusque là réservés aux personnes précaires, les autotests permettant de dépister gratuitement le VIH ou les hépatites seront proposés au grand public dans les pharmacies nantaises d’ici septembre. Explications avec Eric Billaud, infectiologue et président du Corevih Pays de la Loire, un organisme qui lutte contre les infections sexuellement transmissibles. 

Où en sont les épidémies de VIH et d’hépatites virales en France ?

« Actuellement, 5000 nouvelles infections au VIH sont découvertes par an en France, dont 111 dans les Pays de la Loire. Pour un peu plus de la moitié, ce sont des personnes originaires de zones de fortes endémies. L’autre moitié concerne les hommes qui ont des relations avec d’autres hommes (HSH). Même si on constate une petite tendance à la baisse de l’épidémie, il y a toujours de nouvelles infections. 22% des personnes arrivent avec un système immunitaire dégradé, ce qui veut dire qu’elles ont été porteuses du VIH pendant quelques années et qu’elles ont potentiellement transmis la maladie. Le dépistage est donc primordial. Souvent les personnes ne le font pas car elles ont peur d’être cataloguées ou rejetées. En ce qui concerne les hépatites, il n’y a pas beaucoup de nouvelles infections. Il y a tout de même un fond d’hépatite C puisqu’elle se transmet par voie intraveineuse mais la plupart du temps avec les initiatives de « Test and treat » que Nantes Objectif Zéro a mis en place on peut la traiter tout de suite. L’hépatite B concerne essentiellement les personnes originaires de zones d’endémies. Il y en a beaucoup qui ne sont pas en danger pour leur santé mais cela se transmet sexuellement donc là encore il faut impérativement se dépister et traiter si nécessaire ». 

D’où cette volonté d’élargir la mise en place d’autotests gratuits à tous…

« En décembre 2022, Nantes Objectif Zéro a mis à disposition des bons d’échanges permettant aux personnes les plus à risques – dont les migrants – de récupérer un autotest gratuit en pharmacie, les HSH ayant plus d’outils à leur disposition pour accéder aux dépistages. Mais on s’est rendus compte que c’était très compliqué, y compris pour les associations qui nous aident. On est tentés de vouloir accompagner cet autotest en l’expliquant mais les gens qui en font ne veulent pas trop avoir de contacts avec le système de soins… Il faut que le bon d’échange soit accessible. C’est pourquoi nous allons élargir le public cible d’ici septembre de façon à ce que les autotests soient disponibles plus facilement pour toute la population de la métropole dans les pharmacies ».

La 2ème édition du « Mois de la santé sans tabou » se tient jusqu’au 31 mai dans les Pays de la Loire. Quel est l’objectif ? 

« L’idée est d’informer et de prévenir les jeunes des différentes maladies et infections sexuellement transmissibles et de parler de sexualité librement. Les jeunes manquent d’informations sur ces sujets. On rappelle que la santé sexuelle est le fait d’avoir des rapports sexuels respectueux, agréables et sans risques. Il ne faut pas que pas qu’il y ait de discrimination sinon on a tendance à ne pas vouloir en parler et cela devient tabou. Différentes actions de prévention sont mises en place pour parler de santé sexuelle, à l’image de la pièce de théâtre « Kama Vortex » qui soulève de nombreuses questions débattues à la suite des représentations ».

Source Action Trraitement