- Plusieurs facteurs peuvent accroître le risque d’hypertension chez les personnes séropositives
- Une équipe de recherche a mené une étude sur les risques d’hypertension chez 779 hommes séropositifs et séronégatifs
- L’hypertension et les troubles respiratoires du sommeil étaient courants chez les hommes séropositifs
Les perturbations du sommeil peuvent nuire à la santé et à la qualité de vie. Les scientifiques affirment que les troubles respiratoires du sommeil, également appelés apnées du sommeil, sont relativement courants chez les personnes séronégatives, touchant entre 9 % et 38 % des adultes lors de différentes études. Lors d’un épisode d’apnée du sommeil, la respiration devient peu profonde et peut même s’interrompre parfois. Cela se produit lorsque les voies aériennes sont bloquées. L’apnée du sommeil est plus courante chez les hommes que chez les femmes. De plus, les personnes en surpoids ou obèses et celles qui ont des antécédents familiaux de troubles respiratoires du sommeil sont plus à risque, tout comme les personnes âgées.
Comme l’apnée du sommeil provoque une respiration peu profonde ou interrompue, l’organisme reçoit moins d’oxygène. Cela peut causer de la fatigue et de la somnolence durant la journée ou encore une gamme de problèmes de santé à long terme, dont l’hypertension artérielle. Pour se faire diagnostiquer l’apnée du sommeil, on passe habituellement une nuit dans une clinique du sommeil. Lors d’une telle consultation, on place sur le corps des capteurs qui mesurent en continu la fréquence respiratoire, la fréquence cardiaque, le taux d’oxygène dans le sang et d’autres fonctions.
Les médecins peuvent prescrire des interventions pour contrer l’apnée du sommeil, tel le recours à un petit appareil muni d’un tube étroit et d’un embout buccal (masque) qui assurent un flux d’air continu durant la nuit. Ce flux d’air continu réduit considérablement le risque d’éprouver des problèmes respiratoires en dormant. Des études ont également permis de constater des réductions modestes de la tension artérielle chez des personnes atteintes d’apnée du sommeil qui bénéficient de cette intervention.
Pourquoi étudier l’apnée du sommeil et l’hypertension ensemble?
Aux États-Unis, une équipe de recherche a suivi des hommes séropositifs et des hommes séronégatifs pour déterminer s’ils faisaient de l’apnée du sommeil et de l’hypertension et s’il existait un lien causal entre les deux. L’équipe s’intéressait à ces maladies parce que les facteurs de risque sont similaires dans les deux cas, soit le sexe masculin, l’âge avancé, le surpoids et l’obésité. Selon l’équipe de recherche, parmi les personnes séronégatives, « entre 30 % et 50 % des patients atteints d’hypertension présentaient un trouble respiratoire du sommeil, et près de 50 % des patients atteints d’un trouble respiratoire du sommeil faisaient de l’hypertension ».
L’équipe de recherche a également affirmé que « l’apnée du sommeil et l’hypertension sont toutes deux courantes chez les personnes vivant avec le VIH ». Lors d’une étude américaine, on a constaté que près de 60 % des hommes séropositifs avaient reçu un diagnostic d’apnée du sommeil. Une autre étude a révélé qu’environ 25 % des personnes séropositives avaient fait l’objet d’un diagnostic d’hypertension. Les raisons pour ces taux élevés d’apnée du sommeil et d’hypertension chez les personnes séropositives sont complexes, et il est possible que des facteurs sous-jacents jouent un rôle, telle l’inflammation chronique excessive.
Étude sur le sommeil
L’équipe de recherche a comparé des données recueillies auprès de 436 hommes séropositifs et 343 hommes séronégatifs. Comparativement à ces derniers, les hommes vivant avec le VIH étaient plus jeunes, plus nombreux à fumer et plus susceptibles d’être des personnes de couleur. La plupart des hommes séropositifs (93 %) suivaient un traitement contre le VIH (traitement antirétroviral ou TAR) et avaient une charge virale inhibée, ainsi qu’un compte de CD4+ moyen de 700 cellules/mm3. Les classes de TAR les plus utilisées étaient les inhibiteurs de l’intégrase, les INNTI (inhibiteurs non nucléosidiques de la transcriptase inverse) et les inhibiteurs de la protéase.
Tous les participants ont reçu une trousse d’outils de la part de l’équipe de recherche. La trousse contenait un dispositif d’enregistrement et des capteurs conçus pour mesurer le flux d’air dans le nez, le taux d’oxygène dans le sang, la fréquence cardiaque, les ondes cérébrales et les mouvements de la poitrine et de l’abdomen durant la respiration, entre autres. Les participants recevaient des instructions sur la manière d’attacher les capteurs eux-mêmes. Les données captées étaient relayées vers le dispositif d’enregistrement, lequel envoyait à son tour les données à l’équipe de recherche pour qu’elles soient analysées. Les données se rapportant à chaque personne étaient captées durant une seule nuit complète.
Dans le cadre d’une étude de plus grande envergure qui se poursuit, les participants se rendaient à la clinique tous les six mois pour faire suivre leur tension artérielle et d’autres mesures, donner des échantillons de sang et d’urine à des fins d’analyse et se faire interroger au sujet de leur santé. Cette étude s’est déroulée de mars 2018 à juin 2019.
Résultats
Les cas d’hypertension se répartissaient comme suit :
- hommes séropositifs : 54 %
- hommes séronégatifs : 56 %
Les taux d’apnée du sommeil étaient élevés, soit 82 %, sans égard au statut VIH des participants.
Une analyse poussée des données a révélé que le VIH et l’apnée du sommeil contribuaient tous deux à un risque accru d’hypertension, et ce, indépendamment l’un de l’autre. Cependant, lorsque ces facteurs étaient analysés conjointement chez une même personne, les effets combinés du VIH et de l’apnée du sommeil ne causaient pas d’augmentation additionnelle du risque d’hypertension. Autrement dit, le risque d’hypertension chez les hommes présentant ces deux problèmes était semblable au risque d’hypertension associé au VIH seulement ou à l’apnée du sommeil seulement. L’équipe de recherche s’est étonnée de cette absence d’effet additif de l’apnée du sommeil et du VIH sur l’hypertension. En guise d’explication, elle a laissé entendre que l’infection au VIH chronique pourrait « saturer de quelque manière les mécanismes reliant les troubles respiratoires du sommeil à l’hypertension ».
L’équipe de recherche n’a constaté aucun lien statistique entre une classe particulière de TAR et un risque accru d’hypertension.
Dépistage et traitement
Cette étude a révélé que l’apnée du sommeil était un problème fréquent chez les hommes séropositifs et les hommes courant le risque de contracter le VIH. Citant les « bienfaits établis » lors d’études antérieures menées auprès de personnes séronégatives, l’équipe de recherche a encouragé les clinicien·ne·s à dépister et à traiter l’apnée du sommeil chez leurs patient·e·s, peu importe leur statut VIH. Selon l’équipe, ces bienfaits incluent une amélioration de la tension artérielle, une réduction de la somnolence diurne et une meilleure qualité de vie.
Chez les personnes séronégatives, l’apnée du sommeil est associée à un risque accru de problèmes cardiovasculaires, tels que crises cardiaques et AVC. Plus de recherche est nécessaire pour déterminer si l’apnée du sommeil peut contribuer à des problèmes semblables chez des personnes vivant avec le VIH. Il faut aussi déterminer l’impact d’interventions visant à améliorer la respiration chez les personnes atteintes d’apnée du sommeil qui font partie de cette population.
—Sean R. Hosein