Dans les salles de consommation à moindre risque (SCMR), autrement appelées salles de shoot, l’injection encadrée et aseptisée de drogues vient limiter le risque de contracter le virus responsable du SIDA et les hépatites C, selon une étude de l’Inserm présentée ce 27 septembre. Un pas en avant dans cette stratégie de prévention ayant fait couler beaucoup d’encre depuis que l’expérimentation des salles de shoot est entrée en vigueur en France (2016*).
Dans une démarche de réduction des risques, l’accès à des aiguilles et à des seringues stériles à usage unique, en présence de personnel qualifié, trouve toute sa légitimité. Pour confirmer ce point, des chercheurs de l’Inserm** sont allés au contact de 665 usagers de drogue pour les interroger sur leur modalité d’administration de drogues dures.
Le partage de matériel diminué de 90 %
Résultat : « alors que plus de 25 % des participants déclaraient être infectés par l’hépatite C, 1 % des participants ayant accès aux salles de consommation déclaraient être susceptibles de partager leur équipement d’injection contre 11 % de ceux n’ayant pas accès à ces lieux », précise l’Inserm dans un communiqué. « Cela représente une diminution de 90 % du risque de partage de matériel par les SCMR », analyse Marie Jauffret-Roustide, chercheuse Inserm et co-autrice de l’étude, ce qui montre que, dans le contexte de soin français, ces lieux auraient un impact positif sur les pratiques à risque infectieux de VIH et d’hépatite C. »
Aujourd’hui, il est prioritaire de « mettre en place des actions complémentaires à celles déjà existantes, pour mieux lutter contre les transmissions virales au sein de la communauté des personnes qui consomment des substances. En particulier, développer les haltes soins addictions mais également faciliter l’accès à des traitements par agonistes opioïdes (la substitution d’un opioïde illégal par un médicament légal, ndlr) plus diversifiés et proposer des prises en charge globales », conclut Marie Jauffret-Roustide. Et poursuivre les études d’impact en cours concernant les SCMR en suivant les usagers de près.
A noter : en France, la mise en place de programmes de réduction des risques liés à la consommation de drogues, associée à l’accès aux antirétroviraux des personnes séropositives a largement contribué à la réduction de la prévalence du VIH chez les usagers de substances, passant ainsi de 40 % en 1998 à 11 % en 2011. En revanche, l’épidémie d’hépatite C reste incontrôlée avec 64 % des usagers séropositifs en 2011.
*En 2016, deux salles de consommation à moindre risque SCMR expérimentales ont été ouvertes pour 6 ans à Paris et Strasbourg
**En partenariat avec le CNRS, l’EHESS, l’Université de Strasbourg, d’Aix-Marseille Université et de l’Université de Bordeaux
Source : Inserm, le 27 septembre 2023 – Addiction