En Afrique subsaharienne, la tendance baissière des infections liées au Sida continue. Mais, il reste encore des efforts pour assurer l’optimisation de la prise en charge des malades en Afrique subsaharienne.
Par Alioune Badara CISS –
Plus de décès dus au Sida ni de patients qui arrivent au stade de décès du Sida. Selon les dernières estimations de l’Onu/Oms, on dénombre 39 millions de Personnes vivant avec le Vih dont 30 millions bénéficient de thérapies antirétrovirales. La majorité de ces patients vivent dans les pays à revenus faibles et intermédiaires, en particulier en Afrique subsaharienne, région dans laquelle des millions de patients sont sous Arv en accord avec les directives de l’Oms.
Pour inverser la tendance, des cliniciens, des chercheurs, des pharmaciens, des biologistes, des décideurs politiques, des responsables ministériels, des universitaires, des responsables des programmes nationaux de prise en charge des Pvvih, des représentants associatifs africains (Pvvih, Ong) venus de l’Afrique sont depuis hier à Saly pour discuter de l’optimisation de la prise en charge des malades en Afrique subsaharienne.
Selon le président du Réseau des praticiens sur les personnes prises en charge atteintes du Vih, ils vont se pencher sur les nouvelles directives, sur la prise en charge des Pvvih en particulier, mais également sur les stratégies et la gestion des patients qui sont en échec d’un traitement. «Nous avons constaté dans le traitement en ligne, une prise de poids de nos patients certainement due aux nouvelles molécules antirétroviraux. Nous avons aussi constaté une augmentation de la résistance aux antirétroviraux modernes et cette augmentation de la résistance peut être liée à un défaut d’observance ou une insuffisance des suivis des patients», a relaté le président du Réseau des praticiens sur les personnes prises en charge atteintes de Vih.
Autant de questions qui inquiètent et qui suscitent une réflexion pour ces acteurs qui vont tenter d’y apporter des réponses. «On peut résoudre ces questions en discutant, en proposant des outils adaptés à notre contexte africain. Cela ne veut pas dire qu’il faut tout simplifier, mais il faut les adapter à d’autres contextes africains et essayer d’améliorer qualitativement la prise en charge des patients. Surtout que notre objectif en 2030, c’est de mettre fin au Sida. Nous ne voulons plus de décès dus au Sida ni de patients qui arrivent au stade de décès du Sida», enchaîne le président.
Toutefois, ces spécialistes se félicitent de la prévalence qui est dans une tendance baissière. Les infections sont plus fréquentes chez les adolescents, surtout chez les jeunes filles en particulier. «Cette maladie a tendance à se stabiliser. Cependant, avec 600 mille décès dans le monde, cela fait encore beaucoup de cas», alerte-t-il.
Pr Cheikh Tidiane Ndour, chef de la Division lutte contre le Sida au ministère de la Santé et de l’action sociale, a également dressé un tableau de cette maladie au Sénégal : elle est concentrée au niveau de certaines populations particulières. Il cite «les professionnels du sexe, les hommes qui ont des rapports sexuels avec d’autres hommes, les consommateurs de drogue par voie injectable. La prévalence est faible au niveau de la population générale avec 0, 3%, alors que ça va jusqu’à 25% chez les hommes qui ont des rapports sexuels avec d’autres hommes. Mais on est aux alentours de 39 000 personnes qui vivent avec le Vih dont 90% sont sous traitement, avec la cible qu’on connaît 95%, donc il nous reste des efforts à faire par rapport à ça», rassure Pr Cheikh Tidiane Ndour.
Ainsi, le Sénégal peut se prévaloir d’être un bon élève dans la lutte contre cette maladie car il a obtenu de bons résultats. «Nous avons fait des avancées dans la lutte contre le Vih, les nouveaux cas diminuent, ainsi que les décès. Encore faut-il rappeler que le Vih est un virus moins transmissible et les résultats qu’on observe actuellement sont bons. Cela diminue d’année en année», ajoute-t-il.
C’est pourquoi il soutient que pour préserver ces bons résultats, «il faut respecter les recommandations globalement, il faut que les malades soient dépistés et que les personnes soient très tôt mises sous traitement viral».
Toutefois, certaines difficultés risquent de saper le travail abattu, comme la stigmatisation qui fait que ces praticiens ont du mal à dépister environ 10% des malades ici au Sénégal. Même si la maladie est stigmatisante, Pr Cheikh Tidiane Diouf précise «que ce n’est pas vraiment le Vih l’ennemi, mais plutôt l’ignorance».
Source : Le Quotidien SN