Les scandales de l’été : L’affaire du sang contaminé en France


Survenue dans les années 1980-1990, l’affaire du sang contaminé en France est l’une des plus grandes tragédies sanitaires de l’histoire du pays. Effectivement, des milliers de personnes ont contracté le virus du sida (VIH) et l’hépatite C suite à des transfusions de sang contaminé. Ces produits auraient été sciemment distribués.

Au début des années 1980, la France fait face à une crise de confiance dans le domaine de la transfusion sanguine. Les progrès médicaux ont augmenté la demande en produits sanguins, et les autorités sanitaires cherchent des moyens d’y répondre. Cependant, les contrôles de qualité et de sécurité des produits sanguins sont insuffisants. À cette époque, le VIH, virus responsable du SIDA, fait son apparition et se propage rapidement, suscitant de vives inquiétudes dans le monde entier.

Des produits sanguins contaminés

Malheureusement, les donneurs de sang porteurs du VIH et de l’hépatite C passent inaperçus dans les systèmes de dépistage. On suspecte un mode de transmission de la maladie par voie sanguine et les réserves de sang du pays, issues des donneurs de sang, sont potentiellement contaminées. Les professionnels de la santé recommandent de traiter les plasmas recueillis avant de procéder à une transfusion, malheureusement les capacités de traitement étaient alors insuffisantes en France.

Le Centre de transfusion sanguine (CNTS), en concertation avec les membres du gouvernement, autorise alors la circulation de stocks de sang contaminé. De nombreux produits sanguins contaminés sont utilisés lors de transfusions. Les patients recevant ces produits se retrouvent alors infectés par ces virus mortels.

Le scandale éclate

Fin des années 80, des victimes contaminées et des familles endeuillées commencent à dénoncer l’incompétence des autorités sanitaires, ainsi que les laboratoires et les établissements de santé impliqués dans la distribution des produits sanguins contaminés. Au printemps-été 1991, le scandale éclate au grand jour, la journaliste Anne-Marie Casteret révèle que le Centre national de transfusion sanguine (CNTS) a sciemment distribué à des hémophiles des produits sanguins contaminés de 1984 à 1985. Plus de 2000 patients auraient été infectés par le virus du sida (VIH) et le virus de l’hépatite C. Les médias se saisissent de l’affaire, provoquant un tollé dans l’opinion publique.

L’enquête et les responsabilités :

Une enquête approfondie est lancée pour déterminer les responsabilités dans cette tragédie. Les familles des victimes, les associations de lutte contre le SIDA et l’hépatite, ainsi que de nombreux citoyens, réclament justice et des mesures drastiques pour éviter que de telles erreurs ne se reproduisent.

L’enquête révèle que certaines institutions avaient connaissance des risques liés à la contamination des produits sanguins, mais qu’elles ont négligé d’informer le public ou de prendre des mesures préventives. Des personnalités politiques et des responsables sanitaires sont mis en cause pour leur inertie face à la gravité de la situation.

Un premier procès a été ouvert et quatre médecins, parmi lesquels l’ancien directeur de la CNTS, Michel Garretta, ont été jugés pour tromperie et manque d’information sur le risque inhérent aux produits sanguins. Les médecins ont été condamnés à la prison ferme et Michel Garretta est condamné à quatre années de prison. Les médecins ceci dit rejettent la faute sur le gouvernement.

Pour les victimes également les membres du gouvernement de l’époque étaient forcément informés et donc coupables. Edmond Hervé, secrétaire d’État à la Santé au moment des faits, Georgina Dufoix, ministre des Affaires Sociales et Laurent Fabius, Premier ministre sont pointés du doigt. Tous les trois sont envoyés devant la Cour de justice de la République pour complicité d’empoisonnement et “homicide involontaire”.

Dénouement de l’affaire

Courant des années nonante, des associations de victimes sont fondées. En 1996 les indemnisations des victimes et de leurs familles sont évaluées à 17 milliards de francs, soit 2,5 milliards d’euros. Ces indemnisations sont financées par l’État et par les assureurs.

Le 9 mars 1999 la cour de Justice de la République innocente Laurent Fabius et Georgina Dufoix. Le secrétaire d’État Edmond Hervé est condamné, mais il est finalement dispensé de peine.

Le 18 juin 2003, les dernières procédures se terminent avec un non-lieu général confirmé par la Cour de Cassation. La Haute Cour estime que le crime d’empoisonnement ne peut être validé que si l’auteur a agi avec l’intention de donner la mort, hors ici la preuve de la connaissance par les médecins de l’aspect létale des produits sanguins ne pouvait être rapportée.

Les conséquences de l’affaire

L’affaire du sang contaminé a eu des conséquences dramatiques sur la vie de milliers de personnes touchées par ces contaminations. Des familles ont perdu des êtres chers, et de nombreux patients contaminés ont vu leur vie bouleversée par la maladie. En plus du coût humain, cette tragédie a entaché la confiance des citoyens envers les institutions publiques et les systèmes de santé.

Suite à l’affaire du sang contaminé, des réformes majeures ont été mises en place pour améliorer la sécurité transfusionnelle. Les procédures de dépistage ont été renforcées et rendues plus fiables. Des campagnes de sensibilisation et d’information sur le don du sang ont été lancées pour garantir la sécurité des produits sanguins. Des lois et des règlements plus stricts ont été instaurés pour éviter que de telles négligences ne se reproduisent.

Source : AT


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