WASHINGTON, 11 juillet 2023 – Les patients VIH+ atteints de stéatose hépatique non alcoolique (NAFLD) présentent un risque plus élevé d’événement cardiovasculaire majeur que les patients VIH+ exempts de cette pathologie, selon une étude publiée dans AIDS.
La stéatose hépatique non alcoolique (NAFLD) est devenue la principale étiologie des maladies hépatiques chroniques dans la population générale, mais également chez les patients atteints de VIH. Ces derniers sont d’ailleurs plus nombreux à développer une NAFLD (jusqu’à 73% d’entre eux) que la population générale (environ 25%).
Si cette pathologie est reconnue comme un facteur de risque indépendant d’événement cardiovasculaire majeur, peu d’études se sont intéressées à l’apparition d’événements indésirables d’origine cardiovasculaire chez les patients VIH+ atteints de NAFLD.
Krishnan Arunkumar de la West Virginia University School of Medicine de Morgantown (Etats-Unis) et ses collègues ont souhaité comparer le risque d’événement cardiovasculaire majeur chez les patients VIH+ avec ou sans NAFLD.
En utilisant les données de la base TriNetX, une plateforme qui fédère les travaux de recherche en santé de plusieurs instituts américains, ils ont réalisé une étude rétrospective multicentrique.
Sur les 151.868 patients VIH+ sans antécédent cardiovasculaire majeur recensés, 4.969 avaient développé une stéatose hépatique non alcoolique. Parmi eux, 4.463 ont été appariés sur l’âge, le statut tabagique, l’indice de masse corporelle (IMC), différentes comorbidités et les traitements antirétroviraux, chacun avec contrôle exempt de NAFLD.
Les critères principaux étaient la survenue d’un événement cardiovasculaire majeur (tel qu’un angor instable, un infarctus du myocarde ou tout événement nécessitant une revascularisation), d’une insuffisance cardiaque ou d’une maladie cérébrovasculaire (accident vasculaire cérébral et accident ischémique transitoire, notamment).
Globalement, quel que soit le critère envisagé, les patients VIH+ atteints de NAFLD présentaient un risque significativement plus élevé d’événement cardiovasculaire que les cas contrôles: ainsi, le risque d’infarctus du myocarde était augmenté de 49%, celui d’événements cardiovasculaires majeurs de 49%, celui d’insuffisance cardiaque de 73% et celui de maladie cérébrovasculaire de 25%.
Quel que soit le critère cardiovasculaire retenu, la probabilité de survie sans événement restait significativement plus faible chez les patients atteints de stéatose hépatique non alcoolique, en comparaison des patients non malades.
Les auteurs insistent sur la nécessité de bien prendre en compte les facteurs de risque d’événement cardiovasculaire chez les patients atteints simultanément de VIH et de NAFLD. D’autres études seront nécessaires pour élucider les mécanismes physiopathologiques liant la NAFLD et les événements cardiovasculaires chez les patients VIH+.
Dans un éditorial publié en parallèle, Sepiso Masenga de l’université Mulungushi de Livingston (Zambie) et ses collègues rappellent que la stéatose hépatique non alcoolique touche un quart de la population mondiale et que selon des projections, cette pathologie pourrait se développer rapidement et concerner 50% de la population adulte d’ici 2040.
Bien que des efforts aient été réalisés pour mieux comprendre ses facteurs de risque, ils soulignent qu’il reste encore beaucoup à faire pour mieux comprendre comment le VIH et la NAFLD s’influencent mutuellement et comment ils impactent la santé cardiovasculaire. Ils suggèrent également de tenir compte de la durée des traitements antirétroviraux et d’explorer les différents types de traitements pour comprendre à la fois le développement de la NAFLD et l’incidence des événements cardiovasculaires.
Source APM News