Efficacité d’une bithérapie Doravirine + Lamivudine en switch chez des patients contrôlés.


Le recours aux bithérapies (2DR) en switch chez des patients en situation de contrôle virologique a pris une place prépondérante dans les dernières recommandations, et permet souvent de limiter les interactions médicamenteuses et les effets indésirables1. Les traitements recommandés en 2DR font appel à des inhibiteurs d’intégrase ou de protéase associés à 1 NNUC ou NNUC, et certains patients peuvent ne pas être éligibles à ce type de traitement, notamment en rapport avec un effet indésirable ou une intolérance passés. Les auteurs ont proposé d’évaluer l’association novatrice Doravirine+Lamivudine (DO+3TC) en 2DR, au sein de la cohorte française Dat’AIDS.

Il s’agit d’une analyse rétrospective multicentrique incluant tout patient ayant initié DOR+3TC en switch entre 2019 et 2021. Le critère de jugement principal était le succès virologique à S48, défini par une charge virale <50copies/mL. Les critères de jugement secondaires comprenaient le taux de maintien sous DOR+3TC, l’évolution du taux de CD4 et du ratio CD4/CD8, du poids, et les motifs de switch.

Cinquante patients ont été inclus, dont 68% d’hommes, d’âge médian 58 ans, indétectables depuis 14 ans (IQR 8-19), avec un taux médian de CD4 à 784/mm3 ; 41 ont bénéficié d’un suivi jusqu’à S48. Près de la moitié étaient sous trithérapie avec un INNTI comme troisième agent avant le switch. Seuls trois patients avaient déjà été exposé à DOR. Vingt génotypes historiques étaient disponibles, sans mutation pour DOR, et deux présentaient une M184V archivée dix ans auparavant. Les motifs de switch comportaient principalement l’allègement, les interactions médicamenteuses, et la prise de poids. Tous les switchs avaient été validés en RCP. Un seul échec virologique est survenu, chez un patient ayant stoppé son traitement à S18, soit un taux de réussite virologique de 98%. Aucune mutation de résistance n’est apparue chez ce patient. Trois autres patients ont stoppé le traitement avec switch immédiat vers une autre combinaison, en rapport avec des effets indésirables, sans échec virologique, soit un taux de maintien sous traitement de 92%. Les taux de CD4 ont augmenté sous traitement (+51/mm3), le ratio CD4/CD8 et le poids sont restés stables. La durée médiane de suivi était de 79 semaines.

L’association DOR+3TC en 2DR semble garantir un succès virologique, chez des patients en situation de contrôle virologique de longue date, et n’ayant aucun historique d’échec sous INNTI. Une évaluation prospective, avec bras contrôle, pourrait permettre de solidifier ces data et amener à considérer DOR+3TC dans les recommandations thérapeutiques, en tant qu’alternative séduisante de 2DR sans inhibiteur d’intégrase, notamment en cas de difficulté quant à des prises de poids.

Rédigé par : Dr Davis Chirio pour Perfezou et al.


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