L’infection chronique par le virus de l’hépatite C (VHC) est relativement courante chez certains groupes de personnes co-infectées par le VIH. On peut guérir l’infection au VHC chez plus de 95 % des personnes atteintes en utilisant une des associations de médicaments puissants suivantes :
- Epclusa : sofosbuvir + velpatasvir
- Maviret : glécaprévir + pibrentasvir
Les infections virales chroniques comme celles par le VHC et le VIH peuvent causer une inflammation excessive et la suractivation du système immunitaire, lesquelles contribuent toutes deux à un risque accru de dépression. Le risque de dépression augmente également sous l’effet du stress causé par la stigmatisation et la discrimination, ainsi que par un manque de soutien social et financier. De plus, des équipes de recherche canadiennes ont affirmé que « l’utilisation continue de substances est un autre facteur de risque courant [en matière de dépression] ».
Chez les personnes atteintes d’hépatite C chronique seulement (sans la co-infection par le VIH), la guérison est associée à une réduction des symptômes de la dépression. Les données de recherche sont toutefois limitées quant à savoir si la guérison de l’hépatite C produit des effets semblables chez les personnes co-infectées par le VIH.
Étude canadienne
Une équipe de recherche affiliée à l’Étude canadienne de cohorte sur la co-infection a examiné des données se rapportant à la santé de personnes atteintes à la fois du VIH et de l’hépatite C qui s’étaient fait offrir un traitement contre ce dernier entre 2013 et 2020. Les participant·e·s venaient des provinces suivantes :
- Alberta
- Colombie-Britannique
- Nouvelle-Écosse
- Ontario
- Québec
- Saskatchewan
L’équipe s’est concentrée sur 470 personnes qui avaient consulté pour obtenir un traitement contre le VHC. Avant de commencer ce dernier, 58 % de ces personnes éprouvaient des symptômes de la dépression. L’équipe a suivi les participant·e·s pendant deux ans avant la guérison de l’hépatite C et pendant un peu plus d’un an après la guérison.
Après la guérison du VHC, les participant·e·s n’ont pas connu d’amélioration immédiate de leurs symptômes de la dépression. Cependant, les symptômes se sont atténués graduellement au cours de l’année suivante.
L’équipe de recherche a analysé ses données pour déterminer si d’autres facteurs auraient pu influer sur leurs résultats, tels que des facteurs liés au VIH (compte de CD4+ et charge virale) ou au VHC (ampleur des lésions hépatiques), l’utilisation d’alcool et/ou de drogues injectables ou encore une incarcération récente. Aucun de ces facteurs n’a eu toutefois d’impact notable.
À retenir
Même s’il ne s’agit pas ici d’un essai clinique avec randomisation les résultats font écho à ceux d’autres études menées auprès de personnes guéries de l’hépatite C. Une force de l’étude canadienne réside dans le fait que l’équipe a suivi des gens sur une période de plusieurs années, ce qui leur a permis de relever des tendances au fil du temps. Une autre force de l’étude tient au fait que les participant·e·s représentaient bien les personnes co-infectées au Canada.
Le dépistage et le traitement de l’hépatite C sont de première importance, car la guérison de cette infection réduit le risque de complications graves, dont l’hospitalisation, l’insuffisance hépatique et le cancer du foie. La guérison offre un autre avantage aussi, car, une fois guéris, les gens ne peuvent plus transmettre le virus. Cela peut aider à éliminer l’hépatite C en tant que menace pour la santé publique.
Cette étude révèle un autre bienfait aussi, à savoir que le traitement réussi de l’hépatite C peut donner lieu à une amélioration remarquable de l’humeur. Comme cela aiderait sans doute à améliorer la qualité de vie liée à la santé, voilà une autre bonne raison d’encourager les gens à se faire tester pour le VHC et à obtenir un traitement si une infection active est détectée.
—Sean R. Hosein pour CATIE