Sommes-nous à l’orée d’une nouvelle épidémie de mpox (ex-variole du singe), du même type que celle de l’été 2022 ? S’il est encore bien tôt pour le dire, les grands festivals, à l’origine de la flambée de 2022, fait craindre aux autorités un regain d’infections dans la communauté homosexuelle. En toile de fond, des incertitudes quant au maintien de l’efficacité vaccinale.
Selon un bulletin publié le 10 juin par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le mpox a touché près de 88.000 personnes dans le monde depuis mai 2022. Parmi ces personnes, pour la plupart des hommes homosexuels, 146 sont décédées. Si la flambée fut soudaine, son extinction, fin 2022, fut tout aussi rapide. Si bien que, le 11 mai, le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a déclaré que le mpox « ne constituait plus une urgence de santé publique de portée internationale ».
Le virus continue pourtant de circuler à bas bruit. Entre les deux derniers bulletins de l’OMS (26 mai et 10 juin), 552 nouveaux cas sont survenus dans le monde, sans hausse significative (+0,6%) par rapport aux deux semaines précédentes. La plupart des derniers cas sont survenus dans les régions Amériques et Pacifique occidental, qui comprend l’Australie et la Nouvelle-Zélande. En Europe, le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) a annoncé le 8 juin la survenue de 22 cas au cours des quatre dernières semaines, dans quatre pays européens : le Royaume-Uni (onze cas), l’Espagne (huit), la Belgique (deux) et les Pays-Bas (un).
Malgré l’absence de signal fort, les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) se préparent à l’éventualité d’une nouvelle vague épidémique aux Etats-Unis. Cette crainte a été avivée par la révélation d’un cluster début mai à Chicago. Parmi les 13 personnes touchées, tous homosexuels, neuf avaient reçu deux doses d’un vaccin indiqué contre le mpox. Depuis, cette série de cas a été étendue à huit autre personnes.
Est-ce à dire que le vaccin n’est que modérément efficace ? Selon une étude publiée mi-mai (1), l’efficacité préventive du vaccin Jynneos® s’élève à 66% après deux doses, à 35,8% après une dose (1). Comme l’indiquent les CDC sur leur site internet, « le pic immunitaire est attendu 14 jours après la seconde dose de Jynneos®. La durée de l’immunité, que ce soit après une ou deux doses, est actuellement inconnue ». A ces incertitudes s’ajoute le fait que, aux Etats-Unis, seules 23% des personnes jugées à risque ont reçu les deux doses vaccinales.
Interrogé quant aux incertitudes vaccinales, Sciensano estime qu’« il est encore trop tôt pour tirer des conclusions », et s’en remet aux futurs résultats de recherches menées à ce sujet par les CDC américains. « Ce que nous savons, c’est que deux doses de vaccin protègent mieux qu’une seule, et que si une personne est infectée après avoir été vaccinée, la vaccination protège contre les formes sévères et le décès ». Un phénomène conforté parmi les 21 patients de Chicago, dont les symptômes étaient « très légers », selon les CDC.
Rédaction de l’article : Romain Loury pour MediQuality