Bithérapies et dolutégravir


Les bithérapies VIH à base de dolutégravir ont montré leur efficacité dans plusieurs essais cliniques, mais quid de leur efficacité en vie réelle et sur le long terme ? Des données recueillies sur plus de six ans auprès de personnes vivant avec le VIH passant à des bithérapies à base de dolutégravir confirment une efficacité comparable à celle des trithérapies, rapporte le site Aidsmap. Le Dr Conor Bowman et ses collègues du Royal Free Hospital à Londres (Royaume-Uni) ont publié ces résultats dans la revue scientifique AIDS. Les schémas étudiés étaient des combinaisons de dolutégravir + lamivudine (commercialisée sous le nom Dovato), de dolutégravir + rilpivirine (commercialisée sous le nom Juluca) et de dolutégravir + emtricitabine (non commercialisé). Actuellement, la combinaison Dovato est recommandée pour les personnes qui commencent un traitement, et Dovato et Juluca font partie des options de substitution recommandées pour les personnes dont le virus est contrôlé (CD4 stables et charge virale indétectable). Les chercheurs-ses ont analysé les données électroniques des adultes qui ont pris une bithérapie à base de dolutégravir entre 2015 et 2021. Sur 3 133 personnes fréquentant le Royal Free Hospital, un cinquième des participants-es s’est vu prescrire une bithérapie. Sur les 620 personnes sous bithérapie, 561 cas avaient suffisamment de données pour être inclus dans l’analyse. Environ la moitié des personnes étaient blanches, leur âge moyen était de 54 ans et la majorité d’entre elles étaient des hommes gays et bisexuels. Parmi les personnes incluses, 83 % ont reçu du dolutégravir + lamivudine (Dovato), 13 % du dolutégravir + rilpivirine (Juluca) et 3 % du dolutégravir + emtricitabine. Il est intéressant de noter que cette dernière combinaison n’avait pas été étudiée auparavant en tant que bithérapie. Cependant, l’emtricitabine étant presque identique à la lamivudine, on pouvait s’attendre à des résultats similaires. La plupart des changements ont été effectués à partir d’une trithérapie (83 %), 16 % à partir d’une bithérapie et 1 % à partir d’une monothérapie. Au début de l’étude, 96 % des PVVIH avaient une charge virale indétectable et seulement 4 % avaient une charge virale supérieure à 50 copies. Parmi les personnes qui sont passées à une bithérapie ou qui l’ont poursuivie, 99 % ont atteint ou maintenu une charge virale indétectable. Bien qu’elles ne représentent qu’une petite partie de la cohorte analysée, les neuf personnes qui n’avaient jamais été traitées et qui ont commencé le traitement par une bithérapie avaient également atteint une charge virale indétectable à la fin de la période d’étude. Treize des 21 personnes qui avaient un virus détectable au début de l’étude ont atteint une charge virale indétectable à la fin de l’étude. Six des huit personnes restantes ont connu des fluctuations et deux ont vu leur traitement échouer. Soixante-dix des participants-es (12,5 %) ont interrompu le traitement à un moment ou à un autre, 59 d’entre eux-elles en raison d’effets indésirables et onze en raison de blips (légère remontée de la charge virale) ou d’échecs. Les raisons les plus fréquentes étaient les effets indésirables neuropsychiatriques, qui représentaient 42 % de tous les arrêts, suivis par la prise de poids (17 %). Les taux d’abandon étaient similaires dans le groupe des PVVIH sous trithérapies. Six personnes ont connu un échec virologique, défini par une charge virale supérieure à 200 copies/ml, et ont interrompu leur bithérapie. Elles sont passées à une trithérapie et la charge virale de quatre personnes est rapidement devenue indétectable, tandis qu’une personne a développé une charge virale élevée et qu’une autre a connu un échec en raison d’un manque d’observance. L’un des participants ayant connu un échec virologique avait un virus qui avait développé une résistance aux inhibiteurs de l’intégrase et de la transcriptase inverse. En conclusion, les taux relativement faibles d’interruption pour cause d’effets indésirables, l’excellente suppression virale et le peu d’échecs observés dans cette étude peuvent contribuer à renforcer la confiance des médecins et des patients-es dans les bithérapies à base de dolutégravir.


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