L’information et la prévention sont au cœur de la campagne régionale en Occitanie. 15 jours pour s’informer sur sa santé sexuelle, du 3 au 16 juin, dans le cadre des Semaines nationales de la santé sexuelle. L’Agence régionale de la santé (ARS) et l’ensemble de ses partenaires sont mobilisés sur le territoire pour informer et sensibiliser tous les publics.
Pendant 15 jours en Occitanie, de multiples actions de prévention et de sensibilisations vont être menées pour toucher tous les publics, y compris les populations précaires éloignées des dispositifs.
En Occitanie, en 2022, il y a eu 21 451 IVG détectés soit une évolution de 7% par rapport à 2021. En moyenne, le nombre d’IVG se situe au-dessus de la moyenne nationale. Par ailleurs, on note un nombre en augmentation modérée des cas de VIH. « Nous sommes vraiment dans un petit rebond épidémiologique du VIH, le futur nous le dira », s’est exprimé le professeur Jean-Marie Peron, Coordinateur médical régional, lors de la conférence de presse donnée par l’ARS Occitanie, ce lundi 3 juin.
Au cours de cet échange avec la presse, le corps médical a notamment insisté sur l’importance de la vaccination, « la pierre angulaire de la prévention », selon le Pr Alain Makinson, Président COREVIH Occitanie.
Semaines nationales de la santé sexuelle en Occitanie
À travers les actions de nombreux partenaires associatifs et institutionnels de l’Occitanie,ces Semaines nationales de la santé sexuelle visent à informer et à sensibiliser le grand public sur la santé sexuelle. Cette année, 4 thématiques sont prioritairement abordées, sous l’égide de Santé publique France :
- Les grossesses non prévues
- La prévention infectieuse
- Les violences et le consentement
- Les dysfonctions sexuelles et la contraception
C’est un sujet sociétal à multifacette a rappelé Didier Jaffre, le directeur général de l’agence régionale de la santé (ARS) en Occitanie. « Il ne se limite pas au seul aspect sanitaire c’est un sujet sociétal, il concerne aussi bien le respect de soi et de l’autre, le consentement, le plaisir, la contraception, le dépistage la prévention l’éducation à la sexualité ».
L’ARS et ses partenaires vont opérer sur 3 axes au plan régional :
- l’éducation des jeunes à la vie affective et la sexualité,
- l’accès au dispositif d’écoute d’informations et de préventions des risques
- l’accès aux soins
Le nombre d’IVG en augmentation
En Occitanie, en 2022, il y a eu 21 451 IVG, cela représente une évolution d’environ + 7 % par rapport à 2021. Cette tendance locale est semblable à l’évolution en France métropolitaine sur cette même année. « En Occitanie, le taux de recours est variable selon les départements, mais la moyenne régionale est légèrement supérieure à la moyenne française. Donc, c’est une évolution »,explique Nadège Saint-Martin, responsable du pôle prévention et promotion de la santé, ARS Occitanie.
Selon les chiffres fournis par l’ARS, le nombre d’IVG en 2022 en Haute-Garonne approche les 5300.
« Si l’on ramène ce chiffre à la population des départements, c’est dans le département des Pyrénées-Orientales que le taux de recours serait le plus élevé en Occitanie », précise Benjamin COPPEL- Sage-femme, coordinateur médical, Réseau de Périnatalité Occitanie (RPO).
Protection et prévention
La protection concerne à la fois les risques de grossesses non désirées et les risques d’infections sexuellement transmissibles que l’on appelle IST. Une contraception efficace est une contraception adaptée à son mode de vie, à sa situation affective et médicale, rappelle Nadège Saint-Martin, responsable du pôle prévention et promotion de la santé, ARS Occitanie.
En France, malgré une couverture contraceptive élevée, une grossesse sur 3 est non prévue et 64 % d’entre elles occasionnent une interruption volontaire de grossesse. La contraception d’urgence reste encore sous-utilisée. « Les moyens de contraception sont légion et permettent d’éviter des ISP ».
Le site sexualité.fr permet de revoir et de comprendre les différents moyens de protection et de prévention pour éviter les risques d’infection et les grossesses non désirées.
VIH : augmentation du recours au dépistage en Occitanie en 2022
Jean-Loup Chappert, médecin épidémiologiste à Santé publique France explique les modes de transmission des maladies sexuellement transmissibles, comment les dépister et les traiter.
« Les éléments d’épidémiologie donnés du VIH dans la région en termes de dépistage, nous permettent d’observer une poursuite en 2022 de l’augmentation du recours au dépistage qu’on observait déjà depuis plusieurs années et qui a décroché en 2020 suite à la crise covid. Aujourd’hui en 2022 on retrouve les niveaux de dépistage que l’on avait en 2019. Concernant les diagnostics de VIH, il y a une estimation de 330 découvertes de séropositivités en 2022. Cela correspond à un taux de découverte de séropositivité de 54,4 pour 1000 et cela, c’est supérieur à ce que l’on retrouve dans l’hexagone, hors Île-de-France« .
La région Occitanie fait partie des 5 régions qui se situe entre 50 et 60 découvertes de séropositivité par million d’habitants.
Ce taux est stable en 2022 par rapport à 2021 et équivalant à 2019. « Il a décroché en 2020 avec la baisse des dépistages et les profils de découverte de séropositivité sont dans la région majoritairement des rapports homosexuels entre hommes, soit 60%, un taux inchangé depuis un certain nombre d’années« , précise l’épidémiologiste.
Comment se faire dépister du VIH des IST et des hépatites ?
Les professionnels de santé rappellent qu’il est important de repérer les symptômes qui doivent alarmer, de savoir comment les maladies sexuelles se transmettent et comment les éviter.
» Au moindre doute suite à un rapport sexuel non protégé, il faut se rapprocher d’un professionnel de santé pour évaluer le risque. CeGIDD sont des centres de dépistages gratuits de MST gratuits. Il est aussi possible d’effectuer un test VIH dans un laboratoire sans ordonnance », explique Nadège Saint- Martin.
Le consentement : éclairer et partager
De nombreuses raisons peuvent empêcher d’exprimer clairement son choix, cela ne doit en rien altérer la notion de consentement. Dans le dispositif de ces semaines de la santé sexuelle, l’ARS et ses partenaires rappellent qu’une sexualité épanouie passe par un consentement éclairé, et par un consentement partagé.
Selon, Nadège Saint-Martin, responsable du pôle prévention et promotion de la santé, ARS Occitanie : « L’information et l’éducation sont bien entendu indispensables pour chacune et chacun, afin d’agir en connaissance de cause. Un silence, et il faut le rappeler, n’est pas égal à un oui, et ne veut peut-être pas non plus dire non, donc l’idée c’est vraiment qu’il y ait un partage sur cette idée de consentement, et de le rappeler dès le plus jeune âge. Nous travaillons d’ailleurs sur ce sujet au travers de la mise en place, je dirais, des compétences psychosociales dès le plus jeune âge, pour rappeler effectivement qu’en matière de sexualité, ces compétences psychosociales sont nécessaires pour que l’on puisse faire effectivement des choix éclairés. Un consentement, clair et explicite(…). L’acte sexuel doit être consenti, partagé par les parties prenantes, à tout moment de l’acte sexuel, il faut rappeler toujours qu’il doit y avoir consentement des deux parties ».
La vaccination : la pierre angulaire de la prévention
Le professeur Jean-Marie Peron, Coordinateur médical régional, explique :
« En ce qui concerne les virus des hépatites, les trois principaux peuvent se transmettre par voie sexuelle. Le virus de l’hépatite B se transmet très facilement au cours de toutes les pratiques sexuelles. Le préservatif protège efficacement cette transmission et surtout, il existe un vaccin, donc normalement l’hépatite B ne devrait pas être un problème« .
Le deuxième virus important, c’est le virus de l’hépatite C. Celui-là, il ne se présente pas par voie vaginale. C’est un virus qui peut se transmettre essentiellement lors de pratiques sexuelles des hommes qui ont des rapports sexuels avec les hommes et en particulier lors de chemsex. Là aussi, le préservatif protège bien contre le risque de transmission de l’hépatite C. Et le dernier, c’est le virus de l’hépatite A. C’est un virus qui se transmet par voie sexuelle chez des patients qui ont des rapports sexuels de type buco anal. Il existe une vaccination contre ce virus et on recommande de vacciner les hommes qui ont des rapports sexuels avec les hommes contre ce virus. Donc, ce sont des façons assez simples de prévenir ce risque de transmission sexuelle des virus de l’hépatite.
Selon le Pr Alain Makinson, Président COREVIH Occitanie, la vaccination, c’est vraiment la pierre angulaire de la prévention qui s’inscrit dans un ensemble de mesures de prévention qu’on appelle la prévention diversifiée à la carte.
« Il y a d’autres IST pour lesquelles on peut vacciner, (…) le papillomavirus HPV, on a des vaccins qui sont extrêmement efficaces, 100% si on est vacciné avant toute exposition ou au tout début de l’âge, de l’entrée dans la sexualité, donc jusqu’à 19 ans actuellement et pour les deux sexes et jusqu’à 26 ans pour les HSH, (les hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes) et cette vaccination, c’est primordial d’augmenter sa couverture« .
« Il y a des efforts qui ont été réalisés avec des résultats qui sont manifestement très intéressants. La couverture vaccinale contre l’HPV a augmenté jusqu’à à peu près 50% dans les deux sexes grâce notamment grâce à cette campagne de vaccination dans les écoles à l’âge de 12 ans en 5e ».
Donc c’est une très bonne chose, notamment par rapport aux chiffres antérieurs. On avait des couvertures largement insuffisantes autour de 15-20% et ça, ce sont des estimations optimistes. Et donc ça, il faut continuer, mais ça souligne aussi la marge, je dirai, d’amélioration.
La campagne de l’injection de la deuxième dose est en cours.
Le professeur Jean-Marie Peron, rappelle l’importance des outils de prévention :
« Pour parler du VIH et sa prévention, et c’est essentiel, et (…) on a des outils de prévention qui sont extrêmement efficaces contre le VIH. Ça s’appelle la PrEP, c’est le traitement pré-exposition, ce qui permet dans des groupes qui se sentent exposés à un haut risque d’acquérir le VIH, d’utiliser un médicament antiviral pour prévenir l’infection par le VIH ».
Et c’est aussi une bonne chose. Et surtout, amener ces personnes-là à des structures de prévention, au sein des différents services de maladies infectieuses dans toute la région Occitanie pour aussi se faire vacciner, aussi se faire dépister et aussi éventuellement prendre la PrEP et en assurer aussi l’adhérence et le suivi médicalisé ».
L’ARS et ses partenaires vont couvrir tous les départements de l’Occitanie avec la perspective de sensibiliser et d’informer tous les publics. —