Chartes «Villes sans sida» : le ministère de la Santé prépare une feuille de route 2024-2030


Le Maroc intensifie ses efforts pour éradiquer le VIH/sida en lançant une évaluation approfondie des chartes «Villes sans sida». Cette initiative, orchestrée par la Direction de l’Épidémiologie et de lutte contre les maladies, vise à mesurer l’impact des engagements pris par cinq grandes villes marocaines pour combattre l’épidémie et renforcer les stratégies locales d’ici 2030.

Afin d’apprécier le niveau d’atteinte des engagements des cinq villes marocaines ayant signé les chartes «Villes sans sida», le ministère de la Santé entend mener une évaluation approfondie de la mise en œuvre de ces cadres contractuels, à la fois pour identifier les actions entreprises, et aussi pour élaborer un plan opérationnel 2024-2030 pour les cinq villes qui permettrait d’atteindre les objectifs d’élimination du VIH à l’horizon 2030. Le projet, porté par la Direction de l’Épidémiologie et de lutte contre les maladies (DELM), s’inscrit dans le cadre du plan stratégique national intégré de lutte contre le sida pour la période 2024-2030.

Pour rappel, depuis 2014, cinq villes marocaines (Casablanca, Marrakech, Rabat, Fès et Essaouira) ont signé des chartes d’engagement dans le cadre de la Déclaration de Paris «Mettre fin à l’épidémie de sida :  les villes s’engagent». Cette initiative vise à renforcer la riposte locale à l’épidémie en mettant les personnes au cœur des actions et en mobilisant des ressources pour la santé publique. Cette démarche tient compte du fait que le Royaume voit la majorité de ses cas de VIH/sida concentrés dans les grandes villes, 64,6% de sa population vivant en zones urbaines.

Une série d’objectifs
L’évaluation que le ministère souhaite mener vise une série d’objectifs. Il s’agira, en effet, de mesurer l’atteinte des objectifs 95-95-95. Cela revient à s’assurer d’être en mesure de diagnostiquer 95% des personnes vivant avec le VIH, mettre sous traitement 95% des personnes diagnostiquées et atteindre une suppression virale chez 95% des personnes sous traitement.

Il s’agira également d’évaluer les progrès réalisés dans la réduction des nouvelles infections et des décès liés au VIH, en plus d’analyser l’accès aux services de prévention, de traitement et de soutien pour les personnes vivant avec le VIH.

Un autre aspect sera également évalué, celui des initiatives prises pour combattre la stigmatisation et la discrimination à l’encontre des personnes vivant avec le VIH. Sera aussi mesuré l’engagement des villes dans la mobilisation des ressources pour la lutte contre le VIH/sida, ainsi que la participation des populations clés et marginalisées dans les efforts de lutte contre le VIH.

Comment y parvenir ?
Afin de boucler cette évaluation de manière la plus exhaustive possible et en garantir l’efficience, le ministère s’appuiera sur une expertise externe qui travaillera, entre juin et octobre 2024, en étroite collaboration avec un comité de pilotage composé de la DELM, d’ONG partenaires, des directions régionales de la Santé et des préfectures concernées, avec l’implication de l’ONUSIDA et du PNUD. Entre autres démarches prévues, figure l’examen des projets en cours avec le PNUD et l’ONUSIDA pour élaborer des lignes directrices intégrant le VIH dans les plans de développement communaux.

Le projet comprend aussi une étape de rapprochement avec les interventions actuelles menées avec le soutien du PNUD et de l’ONUSIDA pour piloter les contrats sociaux dans trois communes. Des plans d’action par ville pour la période 2024-2030 seront élaborés. En somme, ce projet d’évaluation vise à renforcer l’efficacité des chartes «Villes sans sida» et à garantir que les engagements pris se traduisent par des actions concrètes et efficaces. Le succès de cette initiative repose sur une collaboration étroite entre les communes, les ONG, les partenaires internationaux et la société civile.

En mobilisant des ressources et en renforçant les mécanismes de coordination, le Maroc espère atteindre les objectifs ambitieux fixés pour 2030. Notons que le programme sera financé par le Fonds mondial – Maroc – subvention MAR-C-MOH, avec une rémunération brute ajustée selon les modalités fiscales marocaines.

Sami Nemli / Les Inspirations ÉCO


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