ertains traitements anti-VIH semblent avoir un effet protecteur contre la maladie d’Alzheimer, selon une nouvelle étude de Sanford Burnham Prebys.
L’ESSENTIEL
- Des scientifiques ont découvert des liens bénéfiques entre certains médicaments anti-VIH et la maladie d’Alzheimer.
- Ils ont remarqué que le groupe des séropositifs traités avec des inhibiteurs de la transcriptase inverse, présentait une incidence de la maladie d’Alzheimer moindre que la population générale.
- Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour confirmer le lien mis en lumière dans l’étude.
Environ un million de personnes souffrent de la maladie d’Alzheimer en France. Une des difficultés de cette pathologie pour les patients et leurs proches est l’absence de thérapies totalement efficaces. Mais, un nouvel espoir vient de l’arsenal médicamenteux contre le VIH.
Des traitements qui aident à lutter contre le virus du sida, montrent des effets bénéfiques et prometteurs face à la maladie d’Alzheimer, selon des travaux de l’institut de recherche Sanford Burnham Prebys publiés dans Pharmaceuticals.
Alzheimer et anti-VIH : la transcriptase inverse, clé d’un traitement ?
Pour lutter contre le sida, des médicaments ciblent l’enzyme transcriptase inverse (ou rétrotranscriptase), présente dans le VIH. Cette dernière est capable de convertir l’ARN en ADN, et permet l’infection d’une cellule. En bloquant l’activité de la transcriptase inverse, le traitement évite la propagation du virus et de l’infection.
Les chercheurs ont constaté que le cerveau possède également des transcriptases inverses. Celles-ci ont été liées à la maladie d’Alzheimer dans de précédentes études. Si ces enzymes sont différentes de celles des virus, l’équipe s’est demandée s’il était possible de les inhiber avec les médicaments anti-VIH.
Pour répondre à leur interrogation, les scientifiques ont repris les dossiers médicaux anonymisés de plus de 225.000 patients témoins et séropositifs.
« Nous avons examiné des personnes séropositives prenant des inhibiteurs de la transcriptase inverse et d’autres thérapies antirétrovirales combinées à mesure qu’elles vieillissaient, et nous avons posé la question : ‘combien d’entre elles ont contracté la maladie d’Alzheimer ?’, explique le Dr Jerold Chun. Et la réponse est qu’il y en avait beaucoup moins, que ce à quoi on aurait pu s’attendre par rapport à la population générale. »
Parmi l’ensemble des patients, un peu moins de 80.000 étaient des séropositifs âgés de plus de 60 ans. Plus de 46.000 avaient pris des inhibiteurs de la transcriptase inverse entre 2016 à 2019. Les scientifiques ont déterminé que l’incidence de la maladie d’Alzheimer était 2,46 cas pour 1.000 personnes chez les séropositifs prenant le traitement. Elle était de 6,15 cas pour 1.000 pour la population générale. Ces données semblent indiquer l’existence de liens bénéfiques entre les médicaments anti-VIH et la pathologie neurodégénérative.
Transcriptase inverse : des recherches supplémentaires nécessaires
Le Dr Chun rappelle que les médicaments étudiés ont été conçus pour cibler les rétrotranscriptases du VIH. Ils n’ont donc probablement eu qu’un effet limité sur les nombreuses formes d’enzymes présentes dans le cerveau, selon lui.
« Ce que nous observons actuellement est très rudimentaire », reconnaît l’expert dans un communiqué de son établissement. Il ajoute : « la prochaine étape évidente pour notre laboratoire consiste à identifier quelles versions de transcriptases inverses sont à l’œuvre dans un cerveau touché par la maladie d’Alzheimer afin que des traitements plus ciblés puissent être découverts ». « Ces essais cliniques prospectifs sur les inhibiteurs de la transcriptase inverse actuellement disponibles sur des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer précoce devraient être poursuivis », estime le chercheur.