France – Bonjour. Gilles Pialoux, professeur de maladies infectieuses à l’hôpital Tenon et à Sorbonne Université et vice-président de la société française de lutte contre le sida. Je suis ravi de vous retrouver pour un petit point sur le VIH dans le sillage du Sidaction et plus encore de la CROI – conférence sur les rétrovirus et les infections opportunistes.
Vous allez voir que le focus VIH de la CROI a évolué vers celui de la prise en charge des IST.
Cette année, la 31e conférence de la CROI se passait à Denver, deuxième ville du Colorado, comme vous le savez, avec 700 000 habitants, 10 000 homeless [personnes sans-abri, NDLR] et 180 décès par overdose, dont plus de la moitié liée à la crise des opioïdes.
Voilà pour le paysage si particulier dans cette crise américaine. Paradoxalement, la ville de Denver est aussi un souvenir de l’histoire du sida, puisqu’on y a « fêté » les 40 ans du VIH. C’est l’avènement du principe de Denver, une déclaration associative qui a fait trace et qui a fait naître la démocratie sanitaire avec cette manifestation des associations en 1983 – « Rien pour nous sans nous » était le leitmotiv du principe de Denver.
L’effet spectaculaire du sémaglutide
Alors, le scoop – il y en a eu quelques-uns – concerne le sémaglutide. Ce médicament s’invite dans les conférences sur le VIH avec l’effet sur la stéatose hépatique dans une étude qui s’appelle SLIM LIVER Study[1,2].
Mais, ont d’abord été présentées les données des CDC concernant la prévalence de la stéatose et une étude cas-contrôles entre des personnes atteintes de VIH sous antirétroviraux et des personnes sans VIH, toutes atteintes de NAFLD (MAFLD), c’est-à-dire les hépatites non-alcooliques, liées à ce mécanisme de stéatose[3]. Étude tout à fait intéressante, puisqu’elle comportait une centaine de ponctions de biopsie hépatique qui montrent que chez les patients VIH avec MAFLD, il y a moins de stéatose, moins d’inflammation portale mais beaucoup plus de fibrose. Une vraie problématique thérapeutique.
Puis, a été présentée l’étude ACTG A5371 (SLIM LIVER Study), une étude menée, avec le sémaglutide à dose croissante – 0,25 mg, 0,5 mg et 1 mg – et une efficacité assez spectaculaire, à la fois, bien sûr, sur le poids, moins 7,8 kg de moyenne par rapport au groupe contrôle (circonférence abdominale, glucose, triglycérides en baisse). Un nouveau marqueur utilisé dans cette étude et qui est tout à fait intéressant, c’est une imagerie par IRM avec quantification des triglycérides intrahépatiques. Une baisse relative de –31,3 % de la graisse hépatique est observée dans cette étude présentée par une certaine Dre Jordan E. Lake.
Les médias en ont rajouté et, comme vous le savez, le sémaglutide est dans une poussée d’indications, autorisé aux États-Unis par la FDA depuis 2011 dans l’indication de l’obésité et on a désormais une nouvelle indication pour ce produit.
Source : Medscape