Infection par le VIH : prévalence élevée de la NASH et de la fibrose hépatique


Les maladies hépatiques chroniques sont un facteur important de mortalité et de morbidité chez les patients infectés par le VIH. Des études récentes suggèrent que, parmi ces dernières, la stéatose hépatique non alcoolique (NASH) s’avère particulièrement fréquente, avec cependant des écarts notables dans les estimations de sa prévalence. Le risque de fibrose associée à la NASH en cas d’infection par le VIH reste mal connu, et les facteurs qui précipitent ou favorisent ces complications le sont tout autant.

Une revue de la littérature internationale illustre le propos et permet d’accéder à des chiffres un peu plus précis. Les bases de données PubMed et Embase ont été mises à contribution pour recueillir les données nécessaires à une méta-analyse. Seules les infections par le VIH isolées, sans autre maladie infectieuse concomitante, en particulier sans hépatite virale, ont été prises en compte.

43 études : plus de 8 000 participants

Cette recherche a permis de sélectionner 43 études transversales regroupant au total 8 230 malades atteints d’une infection par le VIH. Sur la base des données de l’imagerie hépatique (échographie, IRM ou encore élastographie), la prévalence « poolée » de la NASH a été estimée à 33,9 % (IC 95 % : 29,67 %-38,39 %) et celle de la fibrose hépatique modérée (score METAVIR ≥ F2) de 12,00 % (IC 95 % : 10,02 % à 14,12 %).

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Si l’on se réfère aux résultats de la biopsie hépatique, les valeurs correspondantes ont été encore plus élevées, respectivement de 48,77 % (IC95 % : 34,30 % à 63,34 %) et 23,34 % (IC 95 % : 14,98 % à 32,75 %). Le syndrome métabolique dans sa définition classique et les facteurs de risque de l’infection par le VIH ont été associés de manière significative au risque de NASH et de fibrose hépatique. Le rôle du traitement antirétroviral n’a pu être précisé, en raison du manque de données.

Selon cette méta-analyse qui porte sur plus de 8 000 patients infectés par le VIH, la prévalence de la NASH apparaît élevée. Si l’on prend en compte les données de la biopsie hépatique, près d’un patient sur deux en serait affecté, cependant que près d’un sur quatre présenterait les stigmates histologiques d’une fibrose modérée. Les chiffres sont cependant à prendre avec nuance, du fait de possibles biais, notamment de sélection ou de publication. Des études de cohorte longitudinale de longue haleine s’imposent pour parvenir à une appréciation plus exacte de la situation et identifier les facteurs de risque associés à la NASH et à la fibrose dans le contexte bien particulier des infections isolées par le VIH, indépendamment de toute hépatite quelle qu’en soit la cause.

Dr Philippe Tellier


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