Décès liés aux drogues en France : il y a urgence à mieux encadrer la méthadone


À retenir

  • Selon l’ enquête française DRAMES, les décès annuels liés à la consommation de drogues licites ou illicites ont augmenté dnas le pays sur la période 2011-2021.
  • Les opioïdes sont l’une des classes les plus fréquemment associées à ces décès La méthadone licite occupe une place importante, bien que l’implication des drogues licites diminue au cours du temps. Elle est aussi souvent impliquée dans les décès liés aux cas de polyconsommation. Comparativement, les auteurs soulignent « la sécurité relative de la buprénorphine en termes de décès » et l’absence « d’augmentation significative des décès liés au fentanyl ou à l’oxycodone ». Ceux liés au tramadol sont eux en augmentation.
  • Ils concluent qu’ « un programme de distribution de naloxone à grande échelle est nécessaire en France pour prévenir les surdoses d’opioïdes, y compris parmi les utilisateurs de méthadone licite (…). Un programme de supervision de la méthadone impliquant des pharmaciens d’officine pourrait également prévenir de manière substantielle les décès [associés] ».

Pourquoi est-ce important ?

Selon l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime, le nombre de décès liés aux drogues a augmenté de 17,5% entre 2009 et 2019 au niveau international. Il existe une forte disparité d’un pays à l’autre avec pour exemple, en 2019, une mortalité ajustée sur l’âge de 216,0 personnes par million d’habitants parmi les 15-64 aux Etats-Unis, contre 14,8 personnes par million dans l’Union européenne, soit 5.141 décès par overdose de drogues illicites. Les données nationales sur le sujet sont rares. Les auteurs de ce travail ont utilisé le registre français DRAMES (Décès en Relation avec l’Abus de Médicaments Et de Substances), qui vise à identifier les substances psychoactives impliquées (médicaments ou drogues illicites). Les tendances sur la période 2011-2021 ont été analysées.

Méthodologie

DRAMES permet la collecte prospective annuelle et nationale de tous les décès pour lesquels des analyses toxicologiques ont été effectuées suite à un décès dans lequel des substances psychoactives sont en cause ou suspectées de l’être (médicaments ou drogues illicites).

Principaux résultats

Au total, un nombre de 4.460 décès ont été inclus sur 2011-2021 : il s’agissait d’hommes dans 81,2% des cas, et l’âge moyen était de 37,8 ans. Au cours du temps, leur nombre annuel a augmenté (627 en 2021 contre 280 en 2011), ainsi que l’âge moyen au décès (39,4 vs 34,9 ans) et le nombre de cas liés à une polytoxicomanie (30,6% vs 23,2%).

Au début de la période d’analyse, ces décès impliquaient surtout les drogues licites -buprénorphine, opioïdes licites, méthadone notamment-, qui étaient progressivement remplacées par ceux associés aux drogues illicites – amphétamines, cannabis, cocaïne, héroïne… Les décès liés à l’héroïne représentaient par exemple un maximum de 28,8% de l’ensemble des cas en 2015, et ceux liés à la cocaïne ont atteint un maximum de 19,5% en 2021. Ceux liés à la méthadone étaient les plus fréquents, et représentaient 35,9% des cas en 2011 et 21,8% en 2021. Ceux liés aux autres drogues licites ont diminué sur la période.

Les décès impliquant une seule drogue licite impliquaient le plus souvent liés à la morphine. Ceux liés à la consommation de deux drogues ou plus étaient au moins liés un opioïde dans 85,9% des cas, et en premier lieu la méthadone. Parmi ces combinaisons, la cocaïne a vu son implication progresser continuellement sur toute la période et devenir majeure.

In fine, un médicament non opioïde licite -hypnotique, anxiolytique, antidépresseur ou antipsychotique principalement- était impliqué dans moins d’un cas de décès lié à la prise de drogues licites ou illicites sur cinq en 2021.

Caroline Guignot pour Actualités Médicales


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