La directrice générale du Sidaction, plaide pour davantage de campagne de prévention, notamment dans les établissements scolaires. Mais Florence Thune veut cibler aussi les personnes âgées. Près d’un quart des nouveaux contaminés chaque année on plus de 50 ans.
On dénombre encore 5 000 découvertes de séropositivité chaque année en France » déplore jeudi 18 mai sur franceinfo Florence Thune, directrice générale de Sidaction. Sur les 5 000 contaminés chaque année, « 23 % ont plus de 50 ans ». Il y a 40 ans, Luc Montagnier et son équipe de l’Institut Pasteur découvrait le virus du Sida. Depuis, l’épidémie a fait plus de 40 millions de morts.
franceinfo : 40 après, où en est-on de la recherche aujourd’hui ? On a parlé de l’espoir d’un vaccin, où en est cet espoir ?
Florence Thune : Les essais continuent en matière de vaccins. D’ailleurs, ça fait très longtemps que ces essais sont en route. Et c’est aussi grâce à la recherche sur le VIH qu’on a aussi pu trouver un vaccin sur le Covid. Néanmoins, le virus nous résiste. Le virus du VIH est extrêmement complexe. C’est ce qui fait qu’aujourd’hui plusieurs essais sont en cours, mais ne sont pour la plupart qu’en phase 1. Ce sont des phases qui permettent de tester une réaction de l’immunité face à ce virus. Mais on est encore loin aujourd’hui, malgré tout, d’avoir ce vaccin. On est encore face à plusieurs années de recherche.
Est-ce que vous diriez qu’aujourd’hui la prise de conscience est quand même totale par rapport au danger que représente toujours le VIH ?
Malheureusement non, puisqu’on dénombre encore 5 000 découvertes de séropositivité chaque année en France. Quelles que soient les générations, on oublie un peu trop vite que le VIH est toujours là. Et on se retrouve avec des personnes qui peuvent mourir du Sida en France parce qu’elles ne sont pas allées faire de dépistage. Or, on sait que la science a formidablement progressé depuis 40 ans, puisque les personnes qui découvrent leur séropositivité sont mises sous traitement. Elles restent en bonne santé et en plus, elles ne transmettent plus le virus. Mais aujourd’hui, le Sida ou le VIH font encore peur et des personnes hésitent à aller se faire dépister. Malheureusement, ces personnes voient leur santé se dégrader et parfois mourir.
Le plus gros problème, aujourd’hui, c’est avant tout le dépistage ? Que faut-il encore faire pour qu’il y ait cette prise de conscience générale ?
Il faut continuer à parler des moyens de prévention qui existent aujourd’hui. On a bien sûr le préservatif, mais aussi la PrEP, qui est ce traitement préventif qui est un outil de plus dans l’arsenal de prévention. Il serait nécessaire aussi de refaire régulièrement des campagnes de prévention. Et puis aussi, on en parle régulièrement, d’appliquer les séances d’éducation à la sexualité à l’école. Parce que c’est aussi informer les élèves sur le fait que le VIH est toujours là et vraiment, on a tous les outils pour se prémunir. Aujourd’hui, faire un test de dépistage, c’est facile. On peut aller dans n’importe quel laboratoire sans ordonnance, c’est gratuit, il faut vraiment aller le faire. Et puis je passe le message aussi aux personnes plus âgées, puisque dans les 5 000 personnes qui ont découvert leur séropositivité l’année dernière, il y avait 23 % de personnes de plus de 50 ans. Donc on parle beaucoup des jeunes, mais on voit aussi que ces générations, qui ont pourtant connu ces années 80-90, qui ont été terribles, oublient, elles aussi, que le VIH est toujours là.
Quelles sont les actions que vous menez encore au Sidaction ?
Tous les ans, on continue à financer des projets de recherche scientifique qui vont nous permettre aussi, un jour, on l’espère, d’arriver à un état de rémission, de faire en sorte que des personnes n’aient plus de traitements à prendre tout au long de leur vie, mais avoir un traitement une seule fois dans sa vie pour vraiment contrôler complètement le virus. Par ailleurs, on continue de financer des associations qui, en France et à l’étranger, font des actions de prévention sur le terrain et aussi accompagnent les personnes séropositives, avec beaucoup d’entre elles qui sont souvent très isolées. Et on a aussi une nouvelle problématique qui est le vieillissement des personnes vivant avec le VIH. Et là aussi, ça, c’est un autre enjeu qui se dessine.
Source : FranceInfo